La Vannerie, un art de vie, un geste écocitoyen

Vannerie, l’art de tresser des éléments naturels entre eux pour former des objets, art ancestral que nous devons préserver, sa mécanisation causerait sa perte. Découvrez ici quelques gestes de base et lancez vous.Vannerie un panier à l'idée d'un chat

Ancestral

Notre homme des cavernes tressait ses vanneries, et il a même rempli d’argile ses paniers pour transporter de l’eau ; une nuit ce panier rempli d’argile étant trop près du feu, l’armature en bois s’est consumée, au matin, il restait un récipient en argile cuit, la poterie était née.

Geste écologique

La vannerie est avant tout un geste écologique, un beau panier remplace des centaines (voir milliers) de sacs plastiques :
-> j’ai en mémoire un panier de début du siècle qu’une personne agée utilise encore pour son marché hebdomadaire
-> j’ai restauré des paniers qui avaient quelques dizaines d’années, l’armature est préservée (car en châtaignier), le tressage est simplement remplacé ou raccommodé, et c’est reparti pour encore une cinquantaine d’années.

Ces deux exemples sont donc une parfaite illustration de la longévité de la vannerie à l’échelle d’une vie.

Réalisé à moindre coût, à partir d’élément naturels, la vannerie est un geste écocitoyen. Elle fut même en partie enseignée à l’école primaire (j’ai tressé du raphia en CP), ce n’est plus le cas aujourd’hui, je l’ai donc enseigné à mes enfants.

Prélevez quelques éléments naturels (noisetier, cornouiller, saule, genêt, paille…), les assembler entre eux, il vous reste alors à :
- abandonner les sacs plastiques
- offrir (ou échanger) vos réalisations,

voilà du « vrai » développement durable à moindre coût(je trouve que ce que l’on nous rabâche aux infos est plutôt du bussiness tiré de l’écologie).

Au même titre que son rendement zéro énergie (voir même négatif), la transmission du savoir, et l’échange, font partie du développement durable.

Matériel

Pour commencer il faut :
- un couteau, opinel n°8 est une bonne référence, d’autres préfèreront un couteau serpette plus gros
- un sécateur
- de la ficelle
- pour les débutants, du fil de fer et une pince coupante, ou, un marteau et de petits clous (20mm)
- le fendoir : à réaliser soit-même avec un bout de bois

Matériaux

Il faut prélever les éléments dans la nature (dans son jardin, sinon dans des terrains vagues), il faut trouver de petites branches droites et avec le moins de noeuds possibles, l’idéal sont donc les rejets des souches, qui ont grandi en 1 ou 2 ans sur une cépée.

Parmi les tiges, on utilisera :
- l’osier, vraiment facile à travailler
- le chataignier
- le frêne (y a pas plus droit)
- le cornouiller
- le noisetier
- la bourdaine, magnifique
- la viorne
- le chêne
- le troëne
….

Parmi les brindilles, on utilisera :
- les tiges précitées que l’on refend en 2 ou 3 ou 4 suivant leur grosseur
- le genêt (comme les balais)
- le rotin
bref tout ce qui est droit et faiblement cassant.

Parmi les lianes, on utilisera :
- la ronce, abondante, résistante, facile à travailler
- le chevrefeuille, de préférence faire cuire (dans la marmite sur le feu de bois) et l’écorcer ensuite
- le lierre (plutot cassant)

Et tous ce que l’on a sous la main :
- les fêtus de graminées
- les tiges de miscantus
- les feuilles de maïs

Il faut prélever les matériaux au repos de la végétation (de mi-novembre à mi-janvier), on ne pourra les travailler
que quelques jours après les avoir récolté.

Penser à planter chacune de ces plantes dans votre jardin, par exemple le cornouiller un champion de croissance dans le Perche.

On peut donc commencer avec, quelques branches de frêne, de la ronce et pour le tressage ce que l’on a sous la main.

Terminologie

Un même matériaux pourra s’utiliser universellement dans tous les besoins de confection, sous forme de tige, lien, éclisse ou/et latte.

Tige

C’est la branche (de 2 à 3 cm de diamètre) que l’on utilise pour faire les armatures. Parfois on la coupe en deux dans le sens de la longueur, elle devient plus facile à tordre.
Pour la tordre, il faut la mettre en forme, on tord petit bout par petit bout, le bois s’échauffe ainsi (certains la passe quelques instants sous la flamme du feu de bois), jusqu’à former un cercle.

On peut aussi assembler 3 tiges assez fines entre elles et former le cercle.

Les tiges formeront l’anse et les arceaux du panier.

Eclisse

Une simple ronce débarrassée de ses épines et de son écorce, fendue en deux dans le sens de la longueur, on retire ensuite son centre (partie molle). Cela devient un magnifique lien très résistant

De même, une tige fendue en 3 avec le fendoir (en 3 c’est plus facile pour nettoyer le coeur), il faut ensuite la calibrer (presque même largeur et épaisseur sur toute sa longueur).

Fendoir

Outil qui permet donc de diviser une tige en plusieurs brins ; il existe des fendoirs à 2, 3 ou 4 faces ; le fendoir à 3 faces est le plus courant d’autant que les éclisses seront d’autant plus faciles à nettoyer.

Latte

C’est une éclisse de plus de 1 cm, pas toujours facile à réaliser, mais la feuille de maïs qui pousse au fond du jardin est déja toute prête.

Clef

La plus belle des ligatures sur un panier, la clef réalisé avec un lien ou éclisse est magnifique et tellement facile à réaliser.

Réalisation d’un pondoir

Armature

1. Réalisation d’un cerceau, ici c’est un frêne, le cerceau est maintenu par deux petits fils de fer.

2a. Tige de chataignier en cours d’affinage, on retire une épaisseur de bois pour pouvoir le tordre plus facilement

2b. Mise en place d’un arceau, sa taille correspond à la moitié de la taille du cerceau.

3. Derrière le cerceau ajout d’une barre, on ligature barre, arceau et cerceau avec un fil de fer.

Brin d’osier



4a. Voici un morceau d’osier, que l’on va fendre en deux.

4b. on insère le couteau au centre, l’osier se fend en deux parties

4c. large sur large : appuyer avec le dos de la lame (partie la plus large du couteau) sur la partie la plus large de l’osier, ainsi on controle la fente sur le milieu du brin.

4d. on peut continuer de fendre avec les mains, dans ce cas il faut tirer la partie la plus large (coté droit le pouce est plus haut que le pousse gauche), ainsi l’osier s’équifendra si je puis dire ainsi.

4e. osier fendu, en son centre se trouve la moelle, qu’il faut retirer (pour empêcher les insectes d’y pondre).

4f. nettoyage, avec le couteau on remonte la fibre (du plus large au plus fin, il faut y aller par portions de 5 cm environ.

4g. désaipissement, le brin d’osier est affiné, il faut que son épaisseur soit la même du début à la fin

4h. calibrage, pour réduire l’osier en largeur, on tranche finement un des deux cotés du brin.

4i. gymnastique, il faut assouplir le brin, on plit le brin vers l’intérieur, en le faisant rouler autour du manche du couteau, on entend quelques crissements de la fibre.

Clef : règle du dessus-dessous avec un nombre paire (arceau, barre, et les 2 cotés du cerceau)

5a. Démarrage de la clef, le brin est dessus, on le passe sous le cerceau

5b. dessus : le brin est remonté derrière le cerceau, et il est sur le dessus

5c. dessous : on envoit le brin vers le prochain arceau, et il y passe dessous

5d. dessus : le brin passé derrière l’arceau, remonte dessus

5e. dessous : le brin retourne vers le cerceau pour aller dessous

5f. dessus : brin repasse dessus, à présent il se dirige vers la barre

5g. dessous : le brin passe sous la barre

5h. etcetera : on forme ainsi un magnifique enchevetrement de l’osier, c’est la clef (ou oeil) du panier

5i. et la clef est achevée, sur le dernier tour on a retiré la peau de l’osier pour décorer

5j. deuxieme clef achevée, reste à mettre quelques arceaux et à tresser, avec le principe du dessus-dessous

Quelques astuces

On tord une éclisse toujours dans le sens de son intérieur (l’intérieur du cercle doit correspondre au coeur)

Quelques bouts de fils de fer/cuivre aident le débutant à maintenir quelques arceaux entre eux, mais il faut les retirer quand ils deviennent superficiels.

Une éclisse seche rapidement, si elle n’est pas utilisée dans les 2 heures, il faudra la réhumidifier pour la manipuler sans la casser.

L’osier vert (coupé en décembre) se travaille jusque Mars, il commence ensuite à s’éplucher (sa peau se retire), il s’utilisera alors ainsi blanchi ; un osier même sec peut se réutiliser plusieurs mois après sa taille, il suffira de le faire tremper dans l’eau plusieures heures auparavant.

Quelques réalisations

Arceaux en chataignier, et tressage en osier jaune (clef), noisetier, cronouiller sanguin, et noisetier, pour Sophie.

Petit panier tressé en cornouiller sanguin, idéla pour ranger quelques ustensibles de couture.

Tressage en osier jaune pour la clef, puis noisetier, bourdaine (le jaune), à nouveau noisetier et cornouiller, les playmobils l’ont transformé en maison.

Une armature de panier dans l’antre de la cheminée, sèche en attendant le tressage, cela ressemble aux os d’une cage toraxique (c’est d’ailleurs peut-être de cette inspiration qu’a été créé cette forme de panier).

Une autre armature de chataignier qui sèche en attendant le tressage, clef en osier vert, et début du tressage en cornouiller.

C’est un art

Je remercie mon épouse qui m’a initié à cet art, l’hiver est la période propice, une petite activité bonne pour le moral, qui créée une âme dans la maison.

Chez nous, l’arbre de Noêl en osier décoré d’éléments naturels, a remplacé le sapin et les décorations en plastique.

Si vous n’avez pas le courage ou la possibilité de vous lancer, n’acquérissez pas de vannerie qui vient de l’autre bout du monde (bilan carbone désastreux) !

En France, de nombreux vanniers existent, faites les vivre, artisants ou amateurs, les gens du voyage proposent également des réalisations de qualité
qui vous apporteront la plus grande des satisfactions.

Au delà du produit, voir même outil pour les paniers, la vannerie est un art de vie.

 
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